Culture : l'indispensable sursaut
- Ewena Guennoc-Monot
- 27 nov. 2020
- 5 min de lecture
27/11/2020

L'heure est grave. Stéphane Roudaut en appelle à la mobilisation des pouvoirs publics dans leur ensemble afin de subvenir aux difficultés traversées par le milieu culturel. Sans cela, c'est tout un pan de la culture qui risque de s'effondrer.
Il y a péril en la demeure !
Alors, je n’ai pas envie de mâcher mes mots tandis que le flou règne encore sur l’avenir du secteur culturel. Libraires, artistes, programmateurs, techniciens, les forces vives de la culture sont exsangues, et c’est tout un écosystème qui se trouve à l’agonie, dans un climat d’indifférence relative.
Je suis saisi au quotidien d’appels au secours, d’appels à l’aide, de ceux qui créent, ceux qui jouent, ceux qui enrichissent les territoires, ceux qui font vivre nos salles de spectacle, nos festivals, nos fêtes communales, nos écoles, nos EHPAD.
Même si des crédits sont aujourd’hui votés à l’échelle de l’État et des collectivités, les artistes ne se sentent pas soutenus, ils ne se sentent pas entendus par leurs interlocuteurs publics. Certains se disent même abandonnés, et ce sont souvent les plus vulnérables : les acteurs du spectacle vivant, les intermittents, les indépendants. Car force est de constater qu’ils ne récoltent que les miettes des plans d’aide aujourd’hui.
Soyons certains que les dégâts seront considérables, et je trouve cette perspective insupportable.
J’appelle l’État à engager sans attendre un véritable plan Marshall adossé à une politique de rebond durable, et associant les collectivités à leur échelle. Au-delà des moyens financiers, il est crucial de poser les bases d’une politique publique solide et partagée pour l’avenir.
J’appelle également nos collectivités à un sursaut, à intensifier notre action, à apporter notre pierre à l’édifice culturel. Il existe des solutions simples à mettre en œuvre : versement des cachets ou d’acomptes pour les spectacles reportés, accueil de résidences artistiques, soutien à l’emploi associatif, etc.
A nous d’identifier quelle panoplie d’accompagnements – matériel, financier, technique et humain – nos collectivités peuvent mettre à disposition des acteurs de la vie culturelle pour faire vivre la création dans l’attente d’un retour à une situation normalisée.
Plus loin, il y a une nécessité à investir durablement le champ culturel en « post-crise », et sans attendre ! Je crois que nous avons tout à gagner à nous montrer entreprenants en facilitant la création.
A titre d’exemple, devenir coproducteur d’un spectacle constitue une formidable opportunité de proposer aux publics de découvrir les étapes de création en proposant à tous des sorties de résidence, en programmant le spectacle finalisé, tout en associant des contreparties aux compagnies et artistes qui en bénéficient. Ils n’attendent que cela !
L’heure est grave. La culture est sans nul doute le secteur le plus sinistré de la crise, avec les restaurateurs, les cafetiers et le monde de la nuit. Mais je ne veux pas verser dans le fatalisme pour autant. Nos pouvoirs publics – État et collectivités – ont les cartes en main pour secourir le monde culturel.
C’est une lourde responsabilité collective, et c’est donc collectivement que nous pourrons préserver ce bien précieux et relancer cette effervescence culturelle française, unique par sa richesse.
En Bretagne, plus qu’ailleurs, nous avons une véritable appétence à nous enrichir par la culture. Alors démontrons-le, dès que cela nous sera permis, en nous ruant vers les libraires, les disquaires, les salles d’expo, les salles de concerts, de théâtre, de spectacle, les festivals, les musées, les sites patrimoniaux !
Stéphane Roudaut
Maire de Gouesnou
1er Vice-président de Brest métropole
Président de Brest'aim
De la parole aux actes : récapitulatif des actions prises par la Ville de Gouesnou en soutien du secteur culturel
Dès les premiers jours du confinement, une batterie d’actions phares avaient été annoncées par la Ville de Gouesnou en direction du secteur culturel. La municipalité a choisi de maintenir et renforcer ces mesures de soutien à l’automne :
Versement systématique des cachets des spectacles annulés ou reportés. Faisant suite à l’annulation du festival Nananère et de Gouesnou en Fête, la municipalité a décidé le versement de ces « cachets solidaires » afin de ne pas fragiliser davantage les artistes et techniciens. La mesure est maintenue au bénéfice des spectacles de la saison culturelle 2020-2021, dans l’attente d’une évolution des dispositions. Le montant total des cachets versés pour annulation ou report s’élève à 22 000 €.
Programmation additionnelle de spectacles et interventions culturelles. Malgré les nombreuses inconnues sur le calendrier et les modalités de rassemblement, le service culturel de la Ville de Gouesnou anticipe et se projette, afin de recalibrer la programmation culturelle sur l’année 2021, tout en travaillant à créer les conditions pour des interventions dans les structures du territoire : EHPAD, écoles, crèche, etc.
Accueil de résidences artistiques. Compte tenu des annulations de spectacles, priorité avait été donné sur le deuxième semestre 2020 à l’accueil de résidences d’artistes afin de pérenniser les activités. D’ici la fin d’année, trois compagnies supplémentaires bénéficieront des outils de la collectivité afin de travailler leurs créations : Le Sonar et son projet de théâtre adulte Vivos ; Qui S’y Colle, et son « Tribunal de toute petite instance » ; le groupe Merzhin, pour l’enregistrement de leur nouveau spectacle.
Mobilisation d’une enveloppe d’aide à la coproduction. L’enveloppe dédiée aux aides à la coproduction pour la saison 2020/2021 a été revue à la hausse afin de soutenir la création locale, un des axes majeurs du projet culturel gouesnousien naissant. Au-delà du soutien à la création locale, devenir coproducteur d’un spectacle est, pour la Ville de Gouesnou et à son échelle, l’opportunité de proposer aux publics de découvrir les étapes de création en proposant à tous des sorties de résidence et en programmant le spectacle finalisé au cours de la saison. Trois compagnies bénéficient de cette aide à la coproduction, pour un montant de 7 500 €.
Soutien aux artistes locaux via des propositions d’intervention et médiation culturelles. Consciente des difficultés induites par la crise chez les intermittents, la Ville propose des actions, interventions et médiations culturelles complémentaires permettant une pérennisation de leur statut. Cette mesure s’est traduite dès le printemps 2020 par la réalisation d’un diagnostic des installations scéniques avec un technicien/régisseur.
Commande exceptionnelle de livres auprès de librairies de l’agglomération. Début novembre, la médiathèque de Gouesnou a passé une commande complémentaire d’ouvrages auprès de libraires de la métropole pour un montant total de 5 000 €.
Aide spécifique à l’emploi associatif. Cette aide exceptionnelle, qui ne se cantonne pas uniquement au secteur culturel, vise à aider les associations employant du personnel salarié (professeurs, secrétaires, etc.), en fonction du nombre d’heures constaté. Un appel à bénéficiaires a été lancé auprès de l’ensemble des associations de la commune.
Je m’engage à ce que 2021 soit une année à part pour la culture à Gouesnou, qu’elle irrigue nos rues, nos chemins, nos bâtiments !





