Grande vitesse : La Bretagne occidentale aux oubliettes ?
- Ewena Guennoc-Monot
- 9 juin 2021
- 2 min de lecture
09/06/2021

Alors, on pourra m'objecter que la réalisation du tronçon Montpellier - Perpignan est le maillon d'un projet de plus grande envergure d'un axe ferroviaire qui mettra à terme Madrid à 6 heures de Paris.
Vu de Paris et pour l'État, la liaison vers la pointe bretonne souffre difficilement la comparaison.
Pour autant, je rappelle et souligne que ces deux projets s'inscrivaient dans la même calendrier initial, à savoir une mise en service à l'orée 2030. Certes, c'était avant que le rapport Duron ne relègue aux calendes grecques le projet de liaisons nouvelles Ouest Bretagne - Pays de la Loire (LNOBPL), jugé non prioritaire... tout comme la LGV Montpellier - Perpignan d'ailleurs !
Depuis, le rapport Duron a été retoqué, et un pacte d'accessibilité pour la Bretagne signé entre la Région et l'État, avec l'objectif partagé de placer la pointe bretonne à 3 heures de Paris, mais sans horizon. Une déclaration d'intention, diront certains. De la poudre aux yeux, diront les autres...
On étudie la faisabilité, me rétorquera-t-on... On étudie ! Mais on étudie tellement que l'étude actuelle enterre l'étude d'avant et prépare l'étude d'après...
Toujours est-il que les liaisons Marseille-Nice, Bordeaux-Toulouse et Montpellier-Perpignan ont dorénavant un calendrier et un plan de financement. Et pour la Bretagne, rien, mis à part la reprise d'études préliminaires il y a moins d'un an.
Sauf à ce que l'État s'engage à son tour dans la réalisation de la LGV, la pointe bretonne deviendra le dernier coin de l'hexagone à ne pas bénéficier d'une desserte ferroviaire digne de ce nom. De là à dire que nous avons loupé le train, il n'y a qu'un pas...
Cette perspective d'une France à deux vitesses m'est clairement insupportable. Car elle accentuera encore plus gravement la Bretagne à deux vitesses. Si nous n'obtenons pas gain de cause auprès de l'État demain, il nous faudra dès lors prendre des mesures fortes au niveau régional pour endiguer cette fracture territoriale qui mine le développement de notre Bretagne.
La première d'entre elles est la péréquation. C'est-à-dire, pour un euro investi à Rennes, investissons-en deux à Brest, Lorient, ou Quimper, et investissons-en trois dans le Trégor, le Poher ou le Porhoët.
Le centralisme rampant - et finalement tellement français - de l'État, facteur d'inégalités territoriales, a encore de beaux jours devant lui.
Opposons-lui l'expérimentation d'une vision différenciée, équilibrée et solidaire du développement régional.
Opposons-lui des élus et des territoires entreprenants et qui s'accordent, même si rien n'est moins sûr dans ce silence assourdissant.
Mais la résignation chez moi n'a jamais été un trait de caractère.





